Vitrine dominant la foule des piétons, sorte de scène mobile, la voiture affirme par sa magnificence, par la beauté et le nombre des chevaux qui la tirent, des domestiques qui l’escortent, la puissance du prince ou la richesse du particulier qui la possède. Automobile, elle est encore aujourd’hui un marqueur social : il est tout différent de rouler en Rolls-Royce ou en Ferrari, plutôt que dans une petite voiture.
Cette fonction de représentation et d’affirmation du rang social explique la richesse des matériaux, la somptuosité de l’ornementation, le soin apporté à la fabrication des voitures, et le nombre de chevaux composant leur attelage. En effet, à l’exception des voitures utilitaires et des lourdes voitures de transport public, le nombre de chevaux mis à une voiture ne dépend pas de son poids, mais de la fortune de son propriétaire ou de son rang social.
La voiture est le but où veut atteindre chaque homme dans le chemin de la fortune.
Mercier, Sébastien, Tableaux de Paris, Hambourg, Virchaux et Neuchâtel, S. Fauche, 1781.
Pour satisfaire une clientèle aisée, exigeante et de plus en plus soucieuse de confort, pour laquelle la possession d’un équipage est le signe le plus manifeste de la réussite sociale, les carrossiers ont créé une infinité de modèles adaptés à chaque activité, à chaque besoin : voyager, se déplacer en ville ou à la campagne, parader au Bois, sur les avenues et les boulevards de la capitale, se promener en forêt ou sur les routes de province, aller à la chasse ou aux courses, pique-niquer, se rendre le soir aux spectacles, prendre plaisir à mener soi-même son propre attelage, aller à ses affaires, ou à ses obligations sociales ou mondaines… et même gagner sa dernière demeure.
Ces modèles se répartissent en groupes distincts : voitures de cérémonie, de ville, de campagne, de voyage, voitures à l’usage des hommes, des femmes, des enfants, voitures de promenade, de sport, voitures découvertes pour l’été, fermées pour l’hiver, ou à transformation selon la saison, voitures pour le matin, voitures de service, pour le dressage et l’exercice des chevaux, pour l’intendance des châteaux ou des hôtels particuliers : berlines, coupés, landaus, landaulets, calèches, sociables, vis-à-vis, milords, victorias, ducs, phaétons, spiders, breaks, dog-carts, omnibus, cabriolets, tilburys, tandem-carts, carricks, tonneaux, charrettes anglaises... autant de types de voitures qui répondaient à tous les usages et besoins.