Contrairement aux civilisations nomades où le cheval est laissé le plus souvent libre, les sociétés sédentaires ont très tôt éprouvé le besoin de rassembler les chevaux dans des constructions spécialement conçues pour eux afin de faciliter leur utilisation et contrôler leur reproduction. Si l'on peut repérer grâce à l'archéologie, aux textes et aux enluminures quelques installations médiévales, c'est surtout à partir du XVIe siècle et, sans discontinuer, jusqu'au début du XXe siècle, que l'on construisit le plus grand nombre d'écuries et les bâtiments les plus intéressants, tant par la qualité de leurs aménagements que par celle de leur architecture. Ils constituent en France un important patrimoine dont seuls sont vraiment connus les exemples les plus prestigieux tels que les palais équestres de Versailles ou de Chantilly, alors que chaque demeure, qu'elle soit urbaine ou rurale, chaque ferme de quelque importance, comptait au moins une écurie.

Un grand seigneur ne peut avoir moins que quatorze chevaux de carrosse qui sont deux attelages […], au moins seize chevaux de selle et ce tant pour lui que pour les gens de sa suite.

Audiger, La Maison réglée et l'art de diriger la maison d'un grand seigneur..., Paris, Nicolas Le Gras, 1692, p. 9-10

C'est dans le contexte des châteaux, lieux de pouvoir et de représentation, que l'architecture équestre connaît ses développements les plus intéressants du point de vue de l'histoire de l'art et des techniques. Les bâtiments d'écurie ne se limitaient pas au seul logement des chevaux, ils comprenaient le fenil, généralement situé à l'étage, la sellerie, la remise à voitures, souvent une forge ainsi que des logements pour le personnel. Les plus grands architectes, tels Philibert Delorme, Pierre Lescot, François Mansart, Jules Hardouin-Mansart, Pierre Contant d'Ivry, Paul Ernest Sanson ou Hippolyte Destailleur, ne dédaignèrent pas d'élaborer les plans de ces communs qui, avec les orangeries, étaient les plus prestigieux et les plus onéreux des aménagements associés aux grandes demeures.