Au cours du temps, les éleveurs ont opéré des croisements de races, afin de produire des chevaux répondant à des critères spécifiques (plus légers, plus sportifs, etc.). Le selle français, par exemple, est ainsi le résultat de nombreux croisements entre demi-sang régionaux et des pur-sang anglais. Officiellement définie en décembre 1958, la race est depuis améliorée en permanence pour répondre aux exigences des sports équestres. Cet exemple illustre le contrôle de l’homme sur l’évolution des races et la recherche de modifications effectives en fonction de leurs utilisations. Ce phénomène, qui remonte au XVIIe siècle avec la création des haras nationaux, se poursuit et s’amplifie, notamment au XIXe siècle. L’époque est en effet marquée par l’apparition de la zootechnie, la science de l’amélioration des animaux domestiques. La notion de « races » est alors au cœur des débats. Faut-il effectuer des croisements ou favoriser les races pures ? Le zootechnicien Raoul Baron (1852-1908) et le professeur de l’école vétérinaire de Toulouse André Sanson (1826-1902) préconisent respectivement l’une et l’autre théorie. Dans la seconde partie du XIXe siècle, la multiplicité des races incarne les appartenances à des groupes sociaux. À chaque classe sociale, son cheval.

L’homme n’est pas ce que l’on dit toujours, un destructeur de biodiversité. Il a créé de la biodiversité qui constitue un réservoir génétique qu’il faut absolument conserver.

Jean-Pierre Digard

Aujourd’hui, chaque race continue de se spécifier en fonction de son utilisation. Et les besoins humains génèrent toujours de nouvelles races. Ainsi, le Henson ou cheval de la baie de Somme est apparu au début des années 1990. Utile au tourisme vert et à l’équitation d’extérieure, en vogue depuis une vingtaine d’années, ce cheval est également un nouvel emblème fort pour la région, un nouveau patrimoine vivant.