Le mythe des chevaux précipités dans le vide du haut de la roche de Solutré par les chasseurs préhistoriques a longtemps été tenu pour un fait historique. L’image de la chasse à l’abîme à Solutré est utilisée pour la première fois en 1870 dans le livre L’homme primitif de Louis Figuier. Adrien Arcelin, l’un des découvreurs du site de Solutré, la reprend dans son roman sur les chasseurs de rennes à Solutré publié en 1872.

La persistance de ce mythe explique pourquoi l’on en trouve encore de nombreuses représentations. Cette image de massacre organisé véhicule l’idée d’un homme préhistorique affamé, violent et barbare, exploitant la totalité de sa ressource alimentaire.

Je n'ai jamais rien vu de plus beau que ce rocher empourpré des feux du soleil couchant se détachant dans le ciel par-dessus toutes les collines voisines, servant de gigantesque piédestal à tant de victimes enveloppées dans les spirales dévorantes d'un bûcher...

Adrien Cranile (Arcelin), Solutré, 1872

Les données archéologiques contredisent totalement cette hypothèse puisque aucune trace de fracture, caractéristique d’une chute, n’a jamais été observée sur les ossements de chevaux à Solutré. Plus raisonnablement, il faut se représenter les hommes préhistoriques rabattant le troupeau au pied de la roche et, contrairement à l’image donnée par la chasse à l’abîme, opérant une sélection parmi les chevaux.