Les attelages ne sont connus par la majorité des femmes et des hommes du XXIe siècle qu’à travers le cinéma et la télévision. Toutes époques confondues, les films historiques, les péplums, les westerns mettent en scène toutes sortes de voitures attelées : courses de chars antiques (Ben Hur, de William Wyler, 1959 ; Gladiator, Ridley Scott, 1999) ; poursuites de diligences et de chariots dans les plaines du Far West (Le convoi maudit, Roy Rowland, 1950 ; Sur la piste de la grande caravane, John Sturges, 1965) ; interminables voyages sur des chemins poussiéreux (Le Guépard, Luchino Visconti, 1962), des routes chaotiques ou enneigées (L’auberge rouge, Claude Autant-Lara, 1951) ; promenades élégantes et sorties mondaines en ville ou à la campagne (Un amour de Swann, Volker Schlöndorff, 1984 ; Raison et sentiments, Ang Lee, 1995).

Au cinéma, les voitures sont de trois sortes : les voitures anciennes authentiques, les reconstitutions, les créations pures, voitures de l'imaginaire et du rêve.

Les voitures anciennes authentiques

Beaucoup de films dont l’action se déroule au XIXe siècle, utilisent d’authentiques voitures de cette époque :

  • un cab anglais mené par Fred Astaire et transportant Ginger Rogers dans Top Hat (Mark Sandrich, 1935) ; un autre mené par Orson Welles et transportant Rita Hayworth dans La Dame de Shanghai (Orson Welles, 1946).
  • dans Madame de… (Max Ophüls, 1953, avec Danièle Darrieux, Vittorio de Sica, Charles Boyer) un coupé d’Orsay à huit-ressorts et un petit coupé de ville qui entrent en collision, et le mail-coach du rendez-vous de chasse.
  • dans Casque d’or (Jacques Becker, 1951, avec Simone Signoret et Serge Reggiani) un fourgon cellulaire à couloir central desservant deux rangées de cellules.
  • dans Le Guépard (Luchino Visconti, 1962, avec Burt Lancaster, Claudia Cardinale et Alain Delon), le petit duc de Tancrède (Alain Delon), à caisse cannée, attelé à deux alezans crins lavés.
  • Dans Ludwig ou Le Crépuscule des Dieux (Luchino Visconti, 1972, avec Elmut Berger et Romy Schneider), plusieurs landaus à deux chevaux.

Parmi elles, quelques-unes sont exceptionnelles :

  • dans Le carrosse d’or (Jean Renoir,1952, avec Anna Magnani), une berline de gala construite en 1762, conservée à Palerme dans le Palais des Normands.
  • dans Sabotage (Alfred Hitchcock, 1936, avec Sylvia Sydney et John Loder) le carrosse du Lord Maire de Londres. En réalité sa réplique construite en 1913 après la destruction dans un incendie du carrosse original qui avait été réalisé en 1757. Cette réplique est exposée au Museum of London.
  • dans Sissi impératrice (Ernst Marischka, 1956, avec Romy Schneider) deux berlines de gala des princes Esterhazy, l’une de 1760-1770, l’autre de la fin du XVIIIe s., « maquillées » pour les besoins du film. Elles sont conservées au château d’Eisenstadt-Fondation Esterhazy.
  • Dans Ludwig ou Le Crépuscule des Dieux (Luchino Visconti, 1972, avec Elmut Berger et Romy Schneider) un traîneau de Louis II de Bavière, en bois doré, emmené dans un majestueux galop ralenti par quatre chevaux gris. Visconti a repris le traîneau, les chevaux gris, les harnais bleus, tels que les a représentés en 1885/86 le peintre Peter J.R. Wenig dans son tableau Le roi Louis II dans son traîneau la nuit dans les montagnes d’Ammer. Traîneau et tableau sont conservés à Munich, au château de Nymphenburg.

Les reconstitutions

Les véhicules de l’Antiquité, du Moyen Âge et de la Renaissance ont tous disparu. Les rares exemplaires du XVIIe ou du XVIIIe siècle conservés dans les musées sont trop fragiles et précieux pour être exposés aux risques d’accidents liés aux conditions de tournage. On a donc recours dans la plupart des films à des fabrications modernes plus ou moins proches des modèles de l’époque où se déroule l’action, ou à d’authentiques voitures du XIXe siècle — elles sont encore relativement nombreuses — transformées et maquillées selon les besoins des scenarii.

En matière d’attelage, le cinéma ignore généralement l’exactitude historique. La forme et le décor des voitures réalisées pour les tournages sont souvent approximatifs ou même très éloignés de la vérité. Les anachronismes sont très fréquents. Dans bien des films dont l’action se situe au XVIIe ou au XVIIIe siècle, on voit des voitures du XIXe reconnaissables à leur suspension à ressorts à pincettes ou à huit-ressorts — inventés seulement en 1804 pour les premiers et en 1818 pour les seconds — et des chevaux portant des colliers anglais, pratiquement inconnus jusqu’au début du XIXe siècle.

Mais on a quelquefois réalisé des voitures et constitué des attelages crédibles dans leur ensemble ou même dans leurs détails :

  • les chars égyptiens dans Pharaon, de Jerzy Kawalerowicz, 1966 (avec Jerzy Zelnik),
  • les quadriges de la course de chars — dans Ben Hur, de William Wyler, 1959 (avec Charlton Heston et Stephen Boyd),
  • ou ceux de Gladiator, de Ridley Scott, 1999 (avec Russel Crowe),
  • les carrosses du Grand Siècle arrivant en cortège chez le prince de Condé au château de Chantilly, les chaises roulantes de parc et les voitures transportant la marée, dans Vatel, de Roland Joffé, 2000 (avec Gérard Depardieu, Uma Thurman, Arielle Dombasle),
  • la berline de style « rocaille » semant derrière elle des pièces d’or, dans La Folie des grandeurs, de Gérard Oury, 1971 (avec Louis de Funès et Yves Montand),
  • la turgotine et la chaise de poste dans Le Retour de Casanova, d’Édouard Niermans, 1991 (avec Alain Delon et Fabrice Luchini),
  • la berline de voyage et la chaise de poste fin XVIIIe siècle dans La nuit de Varennes, d’Ettore Scola, 1982 (avec Marcello Mastroianni, Jean-Louis Barrault et Anna Schygulla),
  • la diligence dans L’auberge rouge de Claude Autant-Lara, 1951 (avec Fernandel, Françoise Rosay, Carette).

Voitures de l’imaginaire et du rêve

Comme les décors, certaines voitures sont de pures créations qui contribuent au caractère merveilleux ou poétique de quelques films :

  • la berline blanche ornée de feuillages d’argent, tombeau de l’héroïne, glissant et disparaissant de nuit dans l’eau d’une rivière. Scène finale de Cartouche, Philippe de Broca, 1962, avec Jean-Paul Belmondo et Claudia Cardinale.
  • un carrosse « fellinien » totalement fantaisiste : Casanova, Fellini, 1976, avec Donald Sutherland.
  • dans Peau d’âne (Jacques Demy, 1970, avec Catherine Deneuve, Delphine Seyrig, Jacques Perrin) le carrosse blanc et or, intérieurement tapissé de plumes d’autruche blanches, allant au trot de deux chevaux blancs, harnachés d’or, attelés en tandem et se dirigeant sans cocher.